Au-delà de ces « pays » traditionnels que ceux de ma génération et les plus anciens portent dan leur cœur (Kajoor, Fuuta, Pakao, Saalum, Ripp…) parce que noms et lieux chargés de symboles, d’images, d’histoire et qu’il faudrait, en passant, restituer, pour nous rendre notre âme et fortifier sans feodalisme, nos volontés de développement, nous appartenons tous à cette « maison Sénégal », une nation une et indivisible, pour des raisons de sang et de foi.
RIIBOO
A PROPOS DU COUSINAGE
Communication pour le
FESNAC 2007, SAINT LOUIS, Sénégal
INRODUCTION
I- LA MARMITE
II- FONDEMENTS ET FINALITES
III- DANS LA MARMITE
IV- LA MAISON SENEGAL : UN DICTIONNAIRE
RIIBÓO
INTRODUCTION
Un jour, de Wuul (certainement une déformation Kajoor kajoor de Wuuli proche du ñaani dans l’actuelle région de Tambacounda) me rappelail feue Maam Maram Ndaw Faal et puis ma tante paternelle borso et puis mon cousin Papa Mbay Saaxusa, partirent,
Maalik ndagam Sèkk
Dimbili Maa Njaak
Biraan jèkk Per Siise et
Le bambaado Ganuru Mbay
A la recherche de nouvelles terres de pacage et d’habitation, ils partirent en éclaireurs, laissant familles et biens sur place.
Ils marchèrent vers les pays situés au bord de l’océan et, arrivèrent au Kajoor, pays alors d’immenses plaines plantées d’une savane presque forestière, dont le souvenir est fixé dans les contes.
Biraan Jèkk Per Siise décida de rester dans cet endroit où ils avaient passé la nuit et, y fonda le village de NJARMEEW SIISE.
Dimbili Maa Njaak fonda à son tour le village de NJAAK et, Maalik Ndagam continua plus loin avec Ganuru Mbay.
Ils arrivèrent en un endroit magnifique ceinturé de mares, de marigots et, où s’était déjà installé un clan Pël dont le Ardo (Chef) est Samba Daali Yoro Sow.
Après avoir été demander au Damel l’autorisation d’installation, ils décidèrent d’officialiser, de pérenniser leur commun vouloir de vie commune. Et, sous le tamarinier appelé MIIN, ils scellèrent le pacte.
Chacun,
Maalik Ndagam
Ganuru
Samba Daali Yoro
Le ceddo , le griot et le berger
chacun se taillada le bras et versa de son sang dans une écuelle remplie de lait (symbole de vie) et de Cendre (symbole de mort).
Ils jurèrent de partager, jusque dans leur descendance, le meilleur et le pire.
Et, ils burent.
En cet endroit où ils avaient trouvé le troupeau, ils fondèrent NGURAAN dont le nom dérive justement du verbe Wolof Gooral (coucher les bêtes), Nguraam qui deviendra un PEEY (une capitale) où s’installait le BUMMI (héritier presomptif du trône) comme de bummi nguraam Maawa père de Birima Fatma Cubb lui-même père du dameel Makoddu Koddu Kumba père de birima Ngoone Latir,
Nguraam où a vécu biram mbanga fils de Xureeja Kuli et de Maasamba Tákko fils du valeureux AMARI NGOONE SOBEL le heros de Danki 1549,
Nguraan où reposerait la linguère Yaasin buubu faal mère de biram yaasin dont une terre de culture du lieu porte le nom,
Nguraan où le saint Seex Dee Calaw ou seex Demba borso a amené la révolution religieuse qui a fini de transformer ses Ceddo en musulmans.
Et, à l’heure où je vous parle, le pacte signé de sang cette année là, semble continuer son œuvre inexorable.
Quand les Mbay souffrent le Lundi, les Sèkk prennent le relais le Mardi et les Pël le surlendemain.
J’ai vu, vécu et vérifié ce phénomène, qui semble vouloir ne pas s’arrêter. Solidarité pour toujours, à la vie, à la mort, force du serment, de la parole sacrée, parole d’honneur, chaîne dans laquelle les ancêtres emprisonnaient leur dignité, une fois leur parole donnée.
C’est cette volonté de vie commune, gage de stabilité, de solidarité et de respect, que j’ai voulu toujours comprendre et la faire connaître.
Voilà la source de cette communication qui répond à un prétexte pédagogique que nous a offert le programme d’éducation civique des classes de 3e collège en la leçon intitulée : La nation sénégalaise.
Nous avons amené nos élèves à interroger, au travers d’un questionnaire, leurs origines, totems, louanges, plantes médicales de famille et relations , afin de découvrir au-delà de leur personne, les solidarités et les supports de la sociabilité dans la Sénégambie.
Nous avons essayé de comprendre comment, des groupes, des tribus, des clans différents par leurs langues surtout, leurs coutumes , leurs activités mais, devant partager un espace d’existence et y conduire une destinée, ont fait pour vivre ensemble, au travers de ce que l’on peut appeler des clés.
Nous avons débouché sur l’élaboration d’une sorte de dictionnaire schématique que des esprits plus outillés que moi pourront parfaire.
Ce dictionnaire a pris en compte tous les groupes, avec quelques familles comme repères et avec même les minorités visibles tel les sénégalo- libano- syriens ou syriano-libano-sénégalais.
Je propose ce travail en annexe de la présente communication.
Il faut dire donc que nous avons identifié la source de ce phénomène Ouest africain et les termes qui l’expriment.
C’est pourquoi, je vais parler maintenant de ce que j’appelle la Marmite, de son contenu, de ses finalités.
LA MARMITE DU SENEGAL
Au-delà de ces « pays » traditionnels que ceux de ma génération et les plus anciens portent dan leur cœur (Kajoor, Fuuta, Pakao, Saalum, Ripp…) parceque noms et lieux chargés de symboles, d’images, d’histoire et qu’il faudrait, en passant, restituer, pour nous rendre notre âme et fortifier sans feodalisme, nos volontés de développement.
Nous appartenons tous à cette « maison Sénégal », une nation une et indivisible, pour des raisons de sang et de foi.
Il suffit de prendre quelques exemples pour comprendre que l’unité du Sénégal s’est faite longtemps, par la rencontre et le brassage de différents groupes sociaux qui se sont retrouvés sur le territoire.
Il suffit d’étudier les empires comme le Ghana, le Mali, le Sonraï, le Jolof qui y ont étendu leur domination, il suffit d’observer la transversalité des patronymes pour comprendre que l’unité de ce pays s’est réalisée bien avant Njaajaan le métis berbero- pulaar et, bien avant l’unité allemande ou italienne réalisée dans le couvant du 19e siècle.
Nous sommes tous des métis. Il faut interroger les arbres généalogiques pour s’en convaincre.
Le Soninke et le pulaar ont joué un grand rôle dans ce brassage, ils ont, en tant que langues porté les rêves, les chansons, les dictons alors que la langue Wolof a émergé pour soutenir la cadence depuis au moins le 19e siècle.
Les Tenor de la littérature orale Wolof sont issus de ce métissage et, même Njámme, Serigne Musaa Ka , qui a enseigné le wolof aux wolof est un pur pël de Kanka dans le bawool.
Tous les guides religieux sont issus de ce métissage fécond. Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, seydi el Hadj Malick Sy , le mandingue El Hadj Ahmadou Dramé qui a fondé Ahdulaahi dans le kajoor entre autres.
C’est que l’Islam, en particulier, qui s’est greffé à la tradition sans choc, a façonné un type d’homme ouvert.
Il y a , à coup sûr, un « esprit sénégalais » dont le bassin originel est la vallée du fleuve, ce lieu de rencontres, de liens, où se sont rués tous les peuples venus du Sahara asséché, de la vallée du Nil envahie, où de la forêt hermétique.
Cette vallée, la Marmite, est le berceau de la nation sénégalaise. Là ont été mijotés, savamment, scientifiquement, humainement, les instruments de socialité, de concorde, d’unité qu’on retrouve dans le cousinage à plaisanterie.
Et c’est tant mieux pour ce pays dont la devise culturelle est : « Nit, Nitay Garabam » (l’homme est le remède de l’homme)
FONDEMENTS ET FINALITES
Concu pour etre le socle de la vie Communautaire, de liant harmonieux entre des groupes voisins que des détails de culture locale ou d’origine, individualisent , le cousinage ou encore fraternité, alliance, parenté à plaisanterie et Dendiraagal en pulaar, unit des familles, des clans, des ethnies, des patronymes, des camarades de circoncision ou de cérémonie de tatouage, épreuves des temps anciens qui faisaient passer d’une classe d’âge à une autre des enfants ou des femmes que tout allait mettre ensemble à vie.
Nous sommes même, peut- être inconsciemment allés plus loin aujourd’hui.
Ainsi, si gabonais, Gambiens, Guinéens, maliens, marocains en particulier, sont des frères, Sénégalais Ivoiriens et français sont des cousins.
Un phénomène traditionnel a réussi à transformer une source de concurrence négative, en un esprit élevé, de vie commune.
Ce phénomène donc, d’essence Ouest africaine comme celui du griot, plonge ses racines dans l’histoire que j’ai évoquée, dans la philosophie morale des sociétés sénégambiennes, sociétés certes guerrières jadis, mais, sociétés d’honneur dans lesquelles la parole donnée est sacrée et tout serment fait est définitif.
Il ya aussi le phenomene intra- familial du cousinage ( DOOMI BAJJEN AK DOOMI NIJAAY ) qui est tres present dans le mental collectif et dont la pratique se perd de plus en plus avec l’urbanisation . les cousines etaient faites pour les cousins; et vice versa . ce n’etait ni bete ni choquant puisque les ancetres sont alles plus loin que nous en tout et , comble , nous ne faisons que ressasser ce qu’ils ont laisse !
A l’occasion des fetes religieueses ou traditionnelles, chaque jaam (cousin ou cousine maternelle ) allait « arroser » (SANGG en wolof) son maitre ( le fils ou la fille de son oncle maternelle ) son sangg avec des cadeaux. Ce dernier devait multiplier en retour les largesses en direction de son sujet . les liens de famille se trouvent ainsi perennises a travers les enfants.
Pratique pareille doit survivre et vivre grâce a l’école en ses programmes d’instruction civique et histoire en particulier, grâce aux medias qui ont pourtant assure le succès de la saint valentin !
On pourrait, en passant toujours, comprendre par ricochet, le souci d’un autre phénomène dit Parrainage.
En effet, les sénégambiens donnent à leurs enfants les noms de leurs amis, de leurs voisins de longue date qu’on dit être les substituts des parents de sang.
Ce sont des formes d’alliance spontanées nées de l’estime réciproque et dont l’esprit est inviolable.
Elles sont connues en milieu Wolof sous le nom de :
Ndey DIKKE
Baay DIKKE
Doom DIKKE
Par exemple, Massamba noue avec Mademba, une relation d’amitié par estime réciproque au cours d’une rencontre et deviennent “baay dikke” l’un pour l’autre.
Kumba et Penda sont ainsi « Ndey DIKKE ».
le garçon ou la fille qu’on choisit dans le village ou le quartier devient votre « Doom DIKKE ».
C’est le filleul ou la filleule d’ailleurs. Si nous n’ajoutons rien de mieux, transmettons cela à nos enfants !
Voilà ce que Maam nous a laissé comme patrimoine le plus précieux parce que centré sur l’homme, pour humaniser la terre.
Et, si nous y ajoutons Gámmo et Kal, nous ferons d’eux, des hommes vrais.
G?mmo et KaL
1- Le G?mmo , en tant que Pratique de Sociabilité est à distinguer du G?mmu, fête religieuse musulmane appelée Mawlud et, célébrant la naissance du prophète Muhammad (Paix et Salut sur lui !).
Le G?mmu était la fête du roi (G?mmu Kahoon par exemple), jour chargé dit-on, de libertés, de libéralités et de libertinages pendant lequel, le peuple pouvait se gaver, boire à son saoul, chanter et danser au nom et au frais du roi.
Cette fête a été récupérée par l’Islam qui l’a vidée de son contenu traditionnel, pour la recharger avec un nouvel esprit, une nouvelle démarche, tout en lui conservant son Cadre (la nuit) et ses animateurs privilégiés, les griots, chargés de chanter le nouveau héros, le prophète (Njool Makka), ses lieutenants, ses saintetés, les textes qu’ils ont produits, dans une ambiance harmonique et rythmique qui a respecté l’âme du peuple qui l’a adopté comme si islamisation n’a pas rimé avec arabisation.
Le G?mmo, lui, porte sur des groupes liés (au vrai sens du mot) par une chaîne d’inviolabilité) qui permet réciproquement aux uns et aux autres de se tout dire, de s’entraider, de se secourir.
Ce pacte lie aussi par exemple, Pël et forgerons, lie des villages et même des pays.
Il lie, Seerer, tukuloor et Joola, laobe et maures.
Les évènements douloureux de la Casamance que je ne devrais pas évoquer ici en ont donné une illustration parfaite que chacun sait.
Un Pël ne peut pas Verser le Sang d’un forgeron et, Vice – Versa. Le petit thiam, forgeron d’origine, peut dire tous les noms d’oiseau au Vieux Malal dans une belle ambiance de Convivialité.
Point de Sang ou de frustration sous peine de sanctions occultes.
Un Joola ne peut blesser un tukuloor ou un Seereer. C’est abjurer ses ancêtres. Qui ne se rappelle le phenomenal Vieux tukuloor BOOKUM qui arrivait devant les grilles du palais pour abreuver le Président Senghor de toutes les insanités » amicales « et, repartir peut etre , avec une enveloppe !
Wade n’a qu’à faire attention, je rassemble la famille !
2 - Le KaL
avec les Correspondances qui ont facilité l’intégration des populations Venues des pays voisins comme les Traoré dit Diop, les Coulibaly – Fall, les Sissokho – Guèye etc…,
Le KAL porte sur les patronymes, les Sant en Wolof.
Il est, en ce sens plus général que le G?mmo puisqu’il porte sur un plus large éventail. Il est plus perennisable puisque les supports ethniques et géographiques, du g?mmo peuvent s’estomper.
Il constitue en Vérité, le SeL de nos relations sociales.
Par exemple, l’actuel président de la république du Sénégal, Abdoulaye Wade, est l’esclave, le serviteur naturel de tous ceux qui portent le Sublime patronyme de MBAYE, grands et petits de la Sénégambie comme ils sont les Maîtres au sens vrai des Cissé, Ciss (quelle horreur !)
Samb
Sambou
Samba
Kamara
Dram?
Diakhate
Lô
Kandji
K?b?
Niasse
Mboup
Sakho
Yade
Toure
Mane
Seydi
Syll
sylla
et, Si Wade s’aventure à me Chasser avec la Complicité de Pape Samba Mboup, moustapha niasse, talla sylla, et autres , je vais au Mali où j’ai un grand serviteur en la personne d’amadou toumane toure ! Quelle chance pour l’Afrique !
Et comme vous qui me suivez, vous êtes aussi le maître ou le serviteur de quelqu’un qui n’est pas loin. cherchez le.
Je Vous y aide dans ce dictionnaire ou Vous trouverez par exemple :
les esclaves des Badiane : Diouf et Faye,
des Basse : Corr?a et Mendy
des Biagui : Couto
Fernandes
Conceçao
Paulao
Antonio
Sylva
Correa
badji
Bass?ne
des Bourgi :
Abou Khalil
OMAIS
HILAL
Saleh
FAKHRY…..
Voila.
Ainsi, du foyer, il faut prendre, non la cendre mais la flamme.
Nous devons être des hommes qui prolongent et innovent.
Je termine par ce poème en wolof :
Kal
Sunu doole
Dooley Senegaal
AKA NEEX Ngay tooñ
Ku La man fuuf
Te Sañu la bañ !
Mas na maa ñor
W?yël Kal aK G?mmo
Ñoo tax ba Senegal mel ni mu meL
Am cisLaay, Sago ak teggin
Ba tax bu Saytaane b?ofee du tojaL
Fen du fi indi musiba
Kacoor du yëngëL gaal gi
Dëgg dëgg am nanu Lunu mare
Na nu ko WéyëL
j?ngal Ko Xaleyî nu jëfeko
Tubaab yi Sax ñu ngî j?ng si
Jikko yu baax yi fi sax
Toppandoo du Wey
Toppe du Wey
Ku b?yyi Sa bop Wéet
Da nga toog ba Soof ,
LiLa may doole
Da nga koy S?mm
Maam-a nu raw fuuf
Li mu fi ba , la nu yor ba tey
Seetal saaga yu naawul
Kal ak gammo
Ki leen fent dabagunu ko ba tey
senegaaL
kal a ko koweel
Texte revu
Novembre 2007
Babacar MBAYE NDAAK
Professeur Artiste- conteur
Tél : 77.634. 84. 80
babakarndaak@yahoo.fr
www.leeboon-ci-leer.org
RIIBOO
A PROPOS DU COUSINAGE
Communication pour le
FESNAC 2007, SAINT LOUIS, Sénégal
INRODUCTION
I- LA MARMITE
II- FONDEMENTS ET FINALITES
III- DANS LA MARMITE
IV- LA MAISON SENEGAL : UN DICTIONNAIRE
RIIBÓO
INTRODUCTION
Un jour, de Wuul (certainement une déformation Kajoor kajoor de Wuuli proche du ñaani dans l’actuelle région de Tambacounda) me rappelail feue Maam Maram Ndaw Faal et puis ma tante paternelle borso et puis mon cousin Papa Mbay Saaxusa, partirent,
Maalik ndagam Sèkk
Dimbili Maa Njaak
Biraan jèkk Per Siise et
Le bambaado Ganuru Mbay
A la recherche de nouvelles terres de pacage et d’habitation, ils partirent en éclaireurs, laissant familles et biens sur place.
Ils marchèrent vers les pays situés au bord de l’océan et, arrivèrent au Kajoor, pays alors d’immenses plaines plantées d’une savane presque forestière, dont le souvenir est fixé dans les contes.
Biraan Jèkk Per Siise décida de rester dans cet endroit où ils avaient passé la nuit et, y fonda le village de NJARMEEW SIISE.
Dimbili Maa Njaak fonda à son tour le village de NJAAK et, Maalik Ndagam continua plus loin avec Ganuru Mbay.
Ils arrivèrent en un endroit magnifique ceinturé de mares, de marigots et, où s’était déjà installé un clan Pël dont le Ardo (Chef) est Samba Daali Yoro Sow.
Après avoir été demander au Damel l’autorisation d’installation, ils décidèrent d’officialiser, de pérenniser leur commun vouloir de vie commune. Et, sous le tamarinier appelé MIIN, ils scellèrent le pacte.
Chacun,
Maalik Ndagam
Ganuru
Samba Daali Yoro
Le ceddo , le griot et le berger
chacun se taillada le bras et versa de son sang dans une écuelle remplie de lait (symbole de vie) et de Cendre (symbole de mort).
Ils jurèrent de partager, jusque dans leur descendance, le meilleur et le pire.
Et, ils burent.
En cet endroit où ils avaient trouvé le troupeau, ils fondèrent NGURAAN dont le nom dérive justement du verbe Wolof Gooral (coucher les bêtes), Nguraam qui deviendra un PEEY (une capitale) où s’installait le BUMMI (héritier presomptif du trône) comme de bummi nguraam Maawa père de Birima Fatma Cubb lui-même père du dameel Makoddu Koddu Kumba père de birima Ngoone Latir,
Nguraam où a vécu biram mbanga fils de Xureeja Kuli et de Maasamba Tákko fils du valeureux AMARI NGOONE SOBEL le heros de Danki 1549,
Nguraan où reposerait la linguère Yaasin buubu faal mère de biram yaasin dont une terre de culture du lieu porte le nom,
Nguraan où le saint Seex Dee Calaw ou seex Demba borso a amené la révolution religieuse qui a fini de transformer ses Ceddo en musulmans.
Et, à l’heure où je vous parle, le pacte signé de sang cette année là, semble continuer son œuvre inexorable.
Quand les Mbay souffrent le Lundi, les Sèkk prennent le relais le Mardi et les Pël le surlendemain.
J’ai vu, vécu et vérifié ce phénomène, qui semble vouloir ne pas s’arrêter. Solidarité pour toujours, à la vie, à la mort, force du serment, de la parole sacrée, parole d’honneur, chaîne dans laquelle les ancêtres emprisonnaient leur dignité, une fois leur parole donnée.
C’est cette volonté de vie commune, gage de stabilité, de solidarité et de respect, que j’ai voulu toujours comprendre et la faire connaître.
Voilà la source de cette communication qui répond à un prétexte pédagogique que nous a offert le programme d’éducation civique des classes de 3e collège en la leçon intitulée : La nation sénégalaise.
Nous avons amené nos élèves à interroger, au travers d’un questionnaire, leurs origines, totems, louanges, plantes médicales de famille et relations , afin de découvrir au-delà de leur personne, les solidarités et les supports de la sociabilité dans la Sénégambie.
Nous avons essayé de comprendre comment, des groupes, des tribus, des clans différents par leurs langues surtout, leurs coutumes , leurs activités mais, devant partager un espace d’existence et y conduire une destinée, ont fait pour vivre ensemble, au travers de ce que l’on peut appeler des clés.
Nous avons débouché sur l’élaboration d’une sorte de dictionnaire schématique que des esprits plus outillés que moi pourront parfaire.
Ce dictionnaire a pris en compte tous les groupes, avec quelques familles comme repères et avec même les minorités visibles tel les sénégalo- libano- syriens ou syriano-libano-sénégalais.
Je propose ce travail en annexe de la présente communication.
Il faut dire donc que nous avons identifié la source de ce phénomène Ouest africain et les termes qui l’expriment.
C’est pourquoi, je vais parler maintenant de ce que j’appelle la Marmite, de son contenu, de ses finalités.
LA MARMITE DU SENEGAL
Au-delà de ces « pays » traditionnels que ceux de ma génération et les plus anciens portent dan leur cœur (Kajoor, Fuuta, Pakao, Saalum, Ripp…) parceque noms et lieux chargés de symboles, d’images, d’histoire et qu’il faudrait, en passant, restituer, pour nous rendre notre âme et fortifier sans feodalisme, nos volontés de développement.
Nous appartenons tous à cette « maison Sénégal », une nation une et indivisible, pour des raisons de sang et de foi.
Il suffit de prendre quelques exemples pour comprendre que l’unité du Sénégal s’est faite longtemps, par la rencontre et le brassage de différents groupes sociaux qui se sont retrouvés sur le territoire.
Il suffit d’étudier les empires comme le Ghana, le Mali, le Sonraï, le Jolof qui y ont étendu leur domination, il suffit d’observer la transversalité des patronymes pour comprendre que l’unité de ce pays s’est réalisée bien avant Njaajaan le métis berbero- pulaar et, bien avant l’unité allemande ou italienne réalisée dans le couvant du 19e siècle.
Nous sommes tous des métis. Il faut interroger les arbres généalogiques pour s’en convaincre.
Le Soninke et le pulaar ont joué un grand rôle dans ce brassage, ils ont, en tant que langues porté les rêves, les chansons, les dictons alors que la langue Wolof a émergé pour soutenir la cadence depuis au moins le 19e siècle.
Les Tenor de la littérature orale Wolof sont issus de ce métissage et, même Njámme, Serigne Musaa Ka , qui a enseigné le wolof aux wolof est un pur pël de Kanka dans le bawool.
Tous les guides religieux sont issus de ce métissage fécond. Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, seydi el Hadj Malick Sy , le mandingue El Hadj Ahmadou Dramé qui a fondé Ahdulaahi dans le kajoor entre autres.
C’est que l’Islam, en particulier, qui s’est greffé à la tradition sans choc, a façonné un type d’homme ouvert.
Il y a , à coup sûr, un « esprit sénégalais » dont le bassin originel est la vallée du fleuve, ce lieu de rencontres, de liens, où se sont rués tous les peuples venus du Sahara asséché, de la vallée du Nil envahie, où de la forêt hermétique.
Cette vallée, la Marmite, est le berceau de la nation sénégalaise. Là ont été mijotés, savamment, scientifiquement, humainement, les instruments de socialité, de concorde, d’unité qu’on retrouve dans le cousinage à plaisanterie.
Et c’est tant mieux pour ce pays dont la devise culturelle est : « Nit, Nitay Garabam » (l’homme est le remède de l’homme)
FONDEMENTS ET FINALITES
Concu pour etre le socle de la vie Communautaire, de liant harmonieux entre des groupes voisins que des détails de culture locale ou d’origine, individualisent , le cousinage ou encore fraternité, alliance, parenté à plaisanterie et Dendiraagal en pulaar, unit des familles, des clans, des ethnies, des patronymes, des camarades de circoncision ou de cérémonie de tatouage, épreuves des temps anciens qui faisaient passer d’une classe d’âge à une autre des enfants ou des femmes que tout allait mettre ensemble à vie.
Nous sommes même, peut- être inconsciemment allés plus loin aujourd’hui.
Ainsi, si gabonais, Gambiens, Guinéens, maliens, marocains en particulier, sont des frères, Sénégalais Ivoiriens et français sont des cousins.
Un phénomène traditionnel a réussi à transformer une source de concurrence négative, en un esprit élevé, de vie commune.
Ce phénomène donc, d’essence Ouest africaine comme celui du griot, plonge ses racines dans l’histoire que j’ai évoquée, dans la philosophie morale des sociétés sénégambiennes, sociétés certes guerrières jadis, mais, sociétés d’honneur dans lesquelles la parole donnée est sacrée et tout serment fait est définitif.
Il ya aussi le phenomene intra- familial du cousinage ( DOOMI BAJJEN AK DOOMI NIJAAY ) qui est tres present dans le mental collectif et dont la pratique se perd de plus en plus avec l’urbanisation . les cousines etaient faites pour les cousins; et vice versa . ce n’etait ni bete ni choquant puisque les ancetres sont alles plus loin que nous en tout et , comble , nous ne faisons que ressasser ce qu’ils ont laisse !
A l’occasion des fetes religieueses ou traditionnelles, chaque jaam (cousin ou cousine maternelle ) allait « arroser » (SANGG en wolof) son maitre ( le fils ou la fille de son oncle maternelle ) son sangg avec des cadeaux. Ce dernier devait multiplier en retour les largesses en direction de son sujet . les liens de famille se trouvent ainsi perennises a travers les enfants.
Pratique pareille doit survivre et vivre grâce a l’école en ses programmes d’instruction civique et histoire en particulier, grâce aux medias qui ont pourtant assure le succès de la saint valentin !
On pourrait, en passant toujours, comprendre par ricochet, le souci d’un autre phénomène dit Parrainage.
En effet, les sénégambiens donnent à leurs enfants les noms de leurs amis, de leurs voisins de longue date qu’on dit être les substituts des parents de sang.
Ce sont des formes d’alliance spontanées nées de l’estime réciproque et dont l’esprit est inviolable.
Elles sont connues en milieu Wolof sous le nom de :
Ndey DIKKE
Baay DIKKE
Doom DIKKE
Par exemple, Massamba noue avec Mademba, une relation d’amitié par estime réciproque au cours d’une rencontre et deviennent “baay dikke” l’un pour l’autre.
Kumba et Penda sont ainsi « Ndey DIKKE ».
le garçon ou la fille qu’on choisit dans le village ou le quartier devient votre « Doom DIKKE ».
C’est le filleul ou la filleule d’ailleurs. Si nous n’ajoutons rien de mieux, transmettons cela à nos enfants !
Voilà ce que Maam nous a laissé comme patrimoine le plus précieux parce que centré sur l’homme, pour humaniser la terre.
Et, si nous y ajoutons Gámmo et Kal, nous ferons d’eux, des hommes vrais.
G?mmo et KaL
1- Le G?mmo , en tant que Pratique de Sociabilité est à distinguer du G?mmu, fête religieuse musulmane appelée Mawlud et, célébrant la naissance du prophète Muhammad (Paix et Salut sur lui !).
Le G?mmu était la fête du roi (G?mmu Kahoon par exemple), jour chargé dit-on, de libertés, de libéralités et de libertinages pendant lequel, le peuple pouvait se gaver, boire à son saoul, chanter et danser au nom et au frais du roi.
Cette fête a été récupérée par l’Islam qui l’a vidée de son contenu traditionnel, pour la recharger avec un nouvel esprit, une nouvelle démarche, tout en lui conservant son Cadre (la nuit) et ses animateurs privilégiés, les griots, chargés de chanter le nouveau héros, le prophète (Njool Makka), ses lieutenants, ses saintetés, les textes qu’ils ont produits, dans une ambiance harmonique et rythmique qui a respecté l’âme du peuple qui l’a adopté comme si islamisation n’a pas rimé avec arabisation.
Le G?mmo, lui, porte sur des groupes liés (au vrai sens du mot) par une chaîne d’inviolabilité) qui permet réciproquement aux uns et aux autres de se tout dire, de s’entraider, de se secourir.
Ce pacte lie aussi par exemple, Pël et forgerons, lie des villages et même des pays.
Il lie, Seerer, tukuloor et Joola, laobe et maures.
Les évènements douloureux de la Casamance que je ne devrais pas évoquer ici en ont donné une illustration parfaite que chacun sait.
Un Pël ne peut pas Verser le Sang d’un forgeron et, Vice – Versa. Le petit thiam, forgeron d’origine, peut dire tous les noms d’oiseau au Vieux Malal dans une belle ambiance de Convivialité.
Point de Sang ou de frustration sous peine de sanctions occultes.
Un Joola ne peut blesser un tukuloor ou un Seereer. C’est abjurer ses ancêtres. Qui ne se rappelle le phenomenal Vieux tukuloor BOOKUM qui arrivait devant les grilles du palais pour abreuver le Président Senghor de toutes les insanités » amicales « et, repartir peut etre , avec une enveloppe !
Wade n’a qu’à faire attention, je rassemble la famille !
2 - Le KaL
avec les Correspondances qui ont facilité l’intégration des populations Venues des pays voisins comme les Traoré dit Diop, les Coulibaly – Fall, les Sissokho – Guèye etc…,
Le KAL porte sur les patronymes, les Sant en Wolof.
Il est, en ce sens plus général que le G?mmo puisqu’il porte sur un plus large éventail. Il est plus perennisable puisque les supports ethniques et géographiques, du g?mmo peuvent s’estomper.
Il constitue en Vérité, le SeL de nos relations sociales.
Par exemple, l’actuel président de la république du Sénégal, Abdoulaye Wade, est l’esclave, le serviteur naturel de tous ceux qui portent le Sublime patronyme de MBAYE, grands et petits de la Sénégambie comme ils sont les Maîtres au sens vrai des Cissé, Ciss (quelle horreur !)
Samb
Sambou
Samba
Kamara
Dram?
Diakhate
Lô
Kandji
K?b?
Niasse
Mboup
Sakho
Yade
Toure
Mane
Seydi
Syll
sylla
et, Si Wade s’aventure à me Chasser avec la Complicité de Pape Samba Mboup, moustapha niasse, talla sylla, et autres , je vais au Mali où j’ai un grand serviteur en la personne d’amadou toumane toure ! Quelle chance pour l’Afrique !
Et comme vous qui me suivez, vous êtes aussi le maître ou le serviteur de quelqu’un qui n’est pas loin. cherchez le.
Je Vous y aide dans ce dictionnaire ou Vous trouverez par exemple :
les esclaves des Badiane : Diouf et Faye,
des Basse : Corr?a et Mendy
des Biagui : Couto
Fernandes
Conceçao
Paulao
Antonio
Sylva
Correa
badji
Bass?ne
des Bourgi :
Abou Khalil
OMAIS
HILAL
Saleh
FAKHRY…..
Voila.
Ainsi, du foyer, il faut prendre, non la cendre mais la flamme.
Nous devons être des hommes qui prolongent et innovent.
Je termine par ce poème en wolof :
Kal
Sunu doole
Dooley Senegaal
AKA NEEX Ngay tooñ
Ku La man fuuf
Te Sañu la bañ !
Mas na maa ñor
W?yël Kal aK G?mmo
Ñoo tax ba Senegal mel ni mu meL
Am cisLaay, Sago ak teggin
Ba tax bu Saytaane b?ofee du tojaL
Fen du fi indi musiba
Kacoor du yëngëL gaal gi
Dëgg dëgg am nanu Lunu mare
Na nu ko WéyëL
j?ngal Ko Xaleyî nu jëfeko
Tubaab yi Sax ñu ngî j?ng si
Jikko yu baax yi fi sax
Toppandoo du Wey
Toppe du Wey
Ku b?yyi Sa bop Wéet
Da nga toog ba Soof ,
LiLa may doole
Da nga koy S?mm
Maam-a nu raw fuuf
Li mu fi ba , la nu yor ba tey
Seetal saaga yu naawul
Kal ak gammo
Ki leen fent dabagunu ko ba tey
senegaaL
kal a ko koweel
Texte revu
Novembre 2007
Babacar MBAYE NDAAK
Professeur Artiste- conteur
Tél : 77.634. 84. 80
babakarndaak@yahoo.fr
www.leeboon-ci-leer.org
Libellés : Babacar_Ndaak