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Babacar Mbaye Ndaak rend hommage à Cheikh Amadou Bamba. Les jeunes générations doivent connaître l’histoire véritable de leur pays, les hommes, les événements et les dates qui l’ont marquée afin de s’inspirer des vertus qui s’en dégagent. “bu fataliku amul woon, lu neex waay mu def ”. Les jeunes générations doivent connaître l’histoire véritable de leur pays, les hommes, les événements et les dates qui l’ont marquée afin de s’inspirer des vertus qui s’en dégagent.

De ces hommes, Cheikh Ahmadou Bamba, de ces événements, la lutte anti coloniale.

Une date magnifie l’histoire de cet homme d’exception : le 05 Septembre.

Après la célébration de la naissance du prophète, le 04 Septembre 1895, le fils de Sokhna Mariama Bousso la vertueuse, est ramené de la maison d’Ahmad Khoureichi où il avait choisi d’être logé parmi tant d’autres propositions de l’administration de l’époque.

Le nom d’Ahmed Khoureichi qui renvoie au clan du prophète qu’il aimait tant, avait attiré son attention.

Il y resta après avoir quitté Jeewol le 10 Août (18 Safar) où il rencontra les troupes du Capitaine Leclerc (dont bizarrement un camp porte encore le nom !), après Louga où il fut embarqué à bord du train le 13.

Ce 05 Septembre confirmait l’indépendance de notre peuple, son courage, sa foi devant les forces mercantiles et les lâchetés de tout bord.

Ce 05 Septembre est un repère essentiel dans l’implantation définitive de l’Islam dans notre pays et, de façon plus générale dans le Soudan.

Cheikh Ahmadou Bamba
Voici un homme de paix mais, attaché à des convictions élevées et qui refuse de négocier une virgule de son comportement inspiré de l’orthodoxie de l’Islam que l’impérialisme colonial veut extirper d’Afrique pour avoir le champ libre d’imposer sa vision du monde.

Voici un homme fidèle au pacte entre lui et le prophète, pacte de servir, non en notable mais en serviteur le plus humble Khadimourassoul; quelle grandeur !

Ceux qui savent, savent.

Depuis Mbacké Bahry, sa derniere résidence avant l’exil, le Cheikh marchait sur un chemin qu’on lui a tracé plein d’épreuves, pour accéder à l’excellence promise.

C’est pourquoi, il doit à ses fils,Mamadou Moustapha, Mouhamadou Fadilou et Mouhamadou Lamine Bara debout devant son auguste coursier sellé en cette aube du 10 Août :

- Je vous confie après Dieu à votre père Thierno. Je vais accomplir un travail. Je reviendrai vous ramener le prix d’excellence qui étanchera toute soif et vous rassasiera à jamais !

Telle, pouvons nous traduire les propos tenus à ses enfants au moment où il attendait le retour de son plus que frère Thierno Birahim parti porter la réponse= Refus d’abjurer sa démarche, au gouverneur colonial de Saint Louis.

Les armées coloniales écrasaient alors, en utilisant la technique du « diviser pour régner » et la corruption, toutes les forces nationalistes du Waalo à la Casamance.

Le Cheikh demanda à son peuple, de ne rien entreprendre puisqu’il écrit :

« ils (les colonialistes) ne savent pas que c’est Dieu qui a soufflé dans leur cœur, le désir de me persécuter ».

Tous les hommes de Dieu ont été persécutés, ils ont tous eu comme Moïse, leur pharaon (le pouvoir dominateur) et Dieu leur a tous donné Aron (porte parole) ; la victoire est au bout de la persécution.

05 Septembre 1895
Salle du conseil, délibération n°16. 09hà13h, quatre heures face à ceux que son glorieux destin instrumentait pour un procès sans avocats que Dieu et son prophète en qui il avait tout abandonné !

Le niveau de sa soumission à Dieu lui procura la force d’accomplir l’acte mémorable dans ce lieu si craint alors, deux rakka pour la postérité.

Il avait refusé poliment la médiation de valeureux hommes comme Serigne Ahmed Ndiaye Mabeye auteur d’une pétition sur laquelle le gouverneur enchassa une condition : la signature du papier par le Cheikh !

Le gouverneur savait qu’il ne signerait pas mais, il ne savait pas pourquoi.

La raison le dépassait. Il en était inconscient puisque le Cheikh devait partir et souffrir comme prière et médiation. Dans le bureau, ce matin là, il y avait :

- Marius Moutet, gouverneur par intérim
- Commissaire de Kersant Pilly, chef du service administratif
- Lieutenant colonel Boyer, commandant supérieur des troupes par intérim
- Jurquet, directeur de l’intérieur par intérim
- Médecin principal Clarac, chef du service de santé
- Lieutenant de Vaisseau Mogaret, délégué du commandant de la marine
- Superville, secrétaire archiviste par intérim
- beziat, conseiller privé titulaire
- Sambain, conseiller privé suppléant
- Doudou Seck Bou et Moghdad, interprète.

Seul ! Seul il était, seul il sera tout le temps que durèrent ses persécutions. Il n’a fait souffrir que lui-même. Il n’a fait verser le sang de personne !

Le 05 Septembre 1895
Le miracle de Dieu, puisqu’il l’écrit lui-même comme une signature (« baana li kulli man lëhoo wilaaya, kawnili xaalixal baraaya aaya » « tous les saints savent que je suis un miracle de Dieu »), le miracle dis-je, entrait par la plus grande porte, dans le cœur des croyants !

Il nous a laissé comme Viatique, son action et ses écrits d’où on peut extraire les propos suivants.

D’abord, dans son dernier recueil, intitulé « Xaatimatumunaajati » ou “clôture de la prière fervente” (sa mission), recueil trouvé sur sa sainte poitrine le 19 Juillet 1927 par son fils Mouhamadou Moustapha qui le ramena à Touba à l’issu des toubabs, il dit : « Je demeurerai sur terre 400 ans après cet écrit authentifié, pour décider avec Dieu ».

Fa man chaafal yu’min, wa man chaa fal yak fur ! (Croit qui veut, refuse qui veut !)

Et, surtout cette sentence qu’il faut méditer : « Darajatitahloo wa laysa tan xafidd, waman nawaa minal waraa xafdji, xufidd » (« Dieu a élevé mon rang à jamais et, il ne cessera de s’élever ; celui qui essayera de me rabaisser, sera rabaissé à jamais »)
Et, ses adversaires les plus passionnés finirent par reconnaître sa dimension exceptionnelle et lui rendre hommage en lui procurant des honneurs qu’il déclina civilement.

Le 09 Octobre 1918, lui fut décerné la plus haute distinction de France, la légion d’honneur qu’il laissa à l’administration. Il fut nommé au conseil consultatif où il ne siégea jamais.

Il offrit même 500 000 frs à la banque de France pour éviter la dévaluation qu’il savait porter d’abord préjudice à son peuple en 1925. (Cette somme équivaut à des centaines de millions aujourd’hui !)

Le meilleur vient de celui qui a été chargé de le confondre et qui finit subjugué par les qualités du Cheikh, l’administrateur du cercle de Diourbel de 1913 à 1915, Jean Marie André Lasselves qui écrit cette lettre au gouverneur :

« ce Cheikh détient certes une puissance innée dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie.

La soumission des hommes envers lui est extraordinaire et, leur amour pour lui les rend inconditionnels. Il semble qu’il détienne une lumière prophétique et un secret divin semblable à ce que nous lisons dans l’histoire des prophètes et de leurs peuples.

Celui là se distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur d’âme et un amour du bien, aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi, qualités pour lesquelles ses prédécesseurs l’auraient envié quelque grand que fussent leur vertu, leur piété et leur prestige.

Les plus injustes des hommes et les plus ignorants des réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations consistant à lui prêter l’ambition du pouvoir temporel.

Je sais que les prophètes et saints qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh »

Babacar Mbaye Ndaak
Enseignant, artiste conteur
babakarndaak (at) yahoo.fr
tel : (221) 634 84 80

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L'association Leeboon-ci-Leer (Contes au clair de lune) a pour objectif de recueillir, transcrire, traduire, écrire, dire la parole de l’Afrique sur scène afin de contribuer à pérenniser les richesses de l’oralité. (suite)

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